Les cadres aux barricades

Je vois tant de personnes de qualification et d’intelligence supérieures, tellement impliquées dans l’intérêt de l’entreprise, non comptables de leurs heures, qui acceptent avec bonhommie un prélèvement social et fiscal de quelques 66 % et qui, le jour du licenciement venu, réalisent que l’indemnité mensuelle de chômage qui leur est promise est de quelques 1100 €.

Je suis étonné de la bonhommie des cadres. Je vois tant de personnes de qualification et d’intelligence supérieures, tellement impliquées dans l’intérêt de l’entreprise, non comptables de leurs heures, qui acceptent avec bonhommie un prélèvement social et fiscal de quelques 66 % (mais oui, il faut 3 euros pour que le cadre en reçoive un) et qui, le jour du licenciement venu, réalisent que l’indemnité mensuelle de chômage qui leur est promise est de quelques 1100 €. Une sécurité sociale pareille revient à permettre à l’assuré social de se jeter du 10ème étage au lieu du 25ème au motif qu’il bénéficie d’une assurance.

1100 € ou rien, c’est du pareil au même lorsqu’il faut pallier au train de vie légitime de la famille, à la voiture perdue, à la connectivité …

Les cadres financent incroyablement la sécurité sociale et n’y font presque pas appel. Imaginons une indemnité de préavis de 96 000 € couvrant 12 mois de préavis. Sur ce montant la cotisation sociale s’élèvera à 46 080 €, et l’impôt sera à peine moins élevé. 46 080 € de cotisation unique, cela mérite le respect et la reconnaissance. Les cadres méritent une autre reconnaissance. Je vois des cadres français toucher 3000 € nets des Assedic, je vois des cadres suisses faire encore deux fois mieux que leurs collègues chômeurs français. Bien sûr pareille protection sociale ne s’éternise pas mais le chômage doit rester un fait temporaire. Je pense que le plafonnement des prestations de sécurité sociale doit être repensé quand les cotisations ne le sont pas. La sécurité sociale doit être une vraie protection pour chacun, il y va de la sincérité du système.

J’ai difficile à comprendre le détachement des cadres et de leurs représentants sur ce sujet. S’il y a un débat sur une nouvelle loi sur les contrats de travail, j’invite les cadres à faire entendre leur voix.

Photo par Matt Madd sous créative common – Flickr

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Me Bruno-Henri Vincent
Spécialiste en droit du travail - Litis S

Me Bruno-Henri VINCENT a obtenu sa licence en droit en 1985. Il a aussitôt débuté sa carrière comme conseiller juridique en droit social pour les entreprises d’une grande association interprofessionnelle d’employeurs et ensuite d’un secrétariat social agréé. Ceci lui a permis de maîtriser d’emblée les subtilités et technicités du monde du travail en Belgique.
Après cet écolage, dès 1991, il a choisi de mettre ses compétences au service des clients de son cabinet d’avocat. Le Barreau de Bruxelles lui a reconnu en 2003 le titre d’avocat spécialiste en droit du travail.
En 2006, Me Bruno-Henri VINCENT fonda LITIS S, une association d’avocats profilée pour se développer exclusivement à travers le droit du travail et apporter sa meilleure expertise pour résoudre les litiges de la vie professionnelle.
Me Bruno-Henri VINCENT est aussi médiateur agréé en matière sociale. Il est membre fondateur de l’Asbl Médiation et conciliation sociale regroupant magistrats, avocats et DRH qui s’investissent dans l’art de la médiation sociale (www.mcsociale.be). Il pratique régulièrement, avec le plein accord de ses clients, le recours aux modes non judiciaires de résolution des conflits.
Il contribue à des ouvrages juridiques et publie régulièrement dans la presse. Il est sollicité comme conférencier dans ses matières de prédilection. Il a aussi enseigné durant plus de 20 ans le cours de législation sociale pour responsables du personnel au sein de l’Institut d’Administration des Entreprises.
Me Bruno-Henri Vincent est inscrit au Barreau de Bruxelles